Le drame est arrivé au début de la seconde mi-temps, sur la pelouse des Vuagères, à Yverdon. C. D., 37 ans, s’est effondré durant un «maul», soit un regroupement autour du porteur de ballon lors d’un match de rugby. Victime d’un arrêt cardiorespiratoire durant une rencontre de la réserve de l’Entente Neuchâtel-Yverdon avec Genève Plan-les-Ouates, il a fait immédiatement l’objet de tentatives de réanimation par des personnes présentes sur le terrain, selon des témoins.
Malgré l’intervention rapide des secours, ce Français domicilié à Neuchâtel est décédé au CHUV, à Lausanne, où il avait été héliporté par la Rega. «Personne ne sait quel a été l’élément déclencheur de cet arrêt cardiaque, dit Vincent Piguet, président du Rugby Club Yverdon, qui se repasse en boucle les images de cet événement depuis samedi. Tout s’est passé très vite. Les clubs suisses sont sous le choc.»
Comme le confirme Arnold Poot, répondant médias de la police vaudoise, la procureure de service a ouvert une enquête «afin de déterminer les causes de l’arrêt cardiorespiratoire. Elle a demandé un examen médicolégal. C’est une démarche plus médicale que pénale.» Plusieurs personnes présentes lors du match ont été entendues par les enquêteurs de la police de sûreté et de la gendarmerie. Un soutien psychologique leur a été proposé. «La chaîne de secours a été magnifique, confirme d’ailleurs Vincent Piguet. La médecin urgentiste nous a tenus informés de la situation de manière très factuelle et avec beaucoup d’empathie.» L’équipe a appris la nouvelle du décès de C. D. en fin d’après-midi, via un coéquipier et ami qui s’était rendu au CHUV.
Inédit en Suisse
Selon Veronika Muehlhofer, directrice de la Fédération suisse de rugby, ce type de drame n’est jamais arrivé en Suisse. «Le rugby est une communauté assez familiale où tout le monde se connaît. La nouvelle a été diffusée très vite, et plusieurs matches ont été annulés durant le week-end.» Outre la rencontre en cours ce samedi, le match de LNA qui devait opposer les deux premières équipes des mêmes clubs dans la foulée a également été reporté. «C’est à chaque club de décider s’il est apte à jouer ou non après ce drame, explique Veronika Muehlhofer. Certains ont tenu à maintenir les matches malgré tout, pour se serrer les coudes autour du jeu. Quant aux rencontres qui ont été annulées, nous verrons en début de semaine, au cas par cas, si elles peuvent être reprogrammées.»
D’après Vincent Piguet, tous les coéquipiers du joueur décédé se sont retrouvés dans un bar neuchâtelois le samedi soir pour partager leur peine. «C’est un signe fort. Le rugby est un sport de combat. Même si certaines personnes sont brisées, l’équipe est soudée et va remonter la pente.»
Pour lui, ce drame est une occasion de réfléchir aux valeurs du rugby, réputé plus fair-play que le football, mais aussi à l’évolution de ce sport. «Même si l’on ignore ce qui a déclenché l’arrêt cardiaque de C. D., on sait que le jeu est devenu beaucoup plus dur physiquement ces dernières années. La masse musculaire, la vitesse, la violence des chocs ont augmenté. Des discussions ont lieu pour modifier les règles sans dénaturer le jeu.»
Quant à l’âge du joueur, 37 ans, il n’est pas exceptionnel dans ce type de compétition, assure Vincent Piguet. «Dans une équipe comme celle-là, il y a souvent des joueurs de 19 ou 20 ans et d’autres plus âgés, qui ont une certaine maturité sur le plan du mental. Certains continuent à jouer jusqu’à 40 ou 45 ans.»
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