Vous êtes un homme, vous avez entre 25 et 34 ans, et vous ne portez pas la barbe? Vous devez vous sentir bien seul. Selon un sondage réalisé par Opinionway pour Bic Shave Club, 92% des hommes de cette catégorie d’âge se laissent pousser cet attribut pileux. On savait depuis quelques années que porter la barbe était tendance. Mais on n’avait pas vraiment imaginé que celle-ci était quasiment devenue une norme sociale. Au-delà des 35 ans, ils sont 53% à arborer une barbe, un chiffre qui remonte à 60% chez les plus de 50 ans. Autant dire que la barbe n’est plus réservée aux seuls hipsters, loin de là.
Vous trouvez ça anecdotique? Vous avez tort.
“Le poil est très intéressant, parce que c’est la seule partie du corps avec les ongles qui repousse si on le coupe”, explique Christian Bromberger, ethnologue, auteur de Le Sens du poil, une anthropologie de la pilosité (éd Créaphis). “Il y a une possibilité d’exprimer les normes de sa société à travers la pilosité. Tout changement de classe d’âge, de statut, tout phénomène politique important, a sa traduction pileuse. C’est curieux comme une société dit beaucoup de choses par tout ce qui peut paraître minuscule. Et souvent le poil on le compare à quelque chose de minuscule, puisqu’on dit ‘au quart de poil’. Mais ce petit élément en dit très long”.
Toutes ces barbes que vous croisez chaque jour au bureau ou dans les transports en commun disent quelque chose de notre époque. “Avant, la barbe était le symbole de la sagesse, du retrait de la vie professionnelle, d’un certain relâchement”, reprend Christian Bromberger. “Là au contraire, c’est devenu un symbole de jeunesse. C’est devenu un phénomène d’entrée dans la vie adulte, et plus d’entrée dans la vieillesse. C’est une espèce d’inversion des générations dans le style de pilosité faciale“.
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